On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres

Publié le par Ursule Mayor

ON NE MET PAS LE VIN NOUVEAU DANS DE VIEILLES OUTRES

Le chapitre 9 de l’Evangile selon saint Matthieu est très long. C’est pourquoi je ne vous lirai que le passage dont je veux vous parler aujourd’hui.

« Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit, car elle emporterait une partie de l’habit et la déchirure serait pire. On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se rompent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves et le vin et les outres se conservent. »

Saint Matthieu 9 :16-17

Ces paroles ne sont certainement pas nouvelles pour vous, car on y fait souvent allusion ; mais je pense qu’elles contiennent des vérités que vous ne connaissez pas encore et que vous devez connaître. Que signifient les mots : vieilles outres, outres neuves, vin ? Tout le monde connaît le vin, surtout en France où l’on en boit beaucoup et où l’on en fait d’excellents que l’on expédie dans le monde entier. Oui, mais dans ces versets, quel est le sens caché des mots « outres » et « vin » ? Vous savez que Jésus avait un langage très imagé. D’ailleurs, les grands Initiés et les Maîtres de l’humanité se sont toujours servis d’images pour exprimer ce qu’ils voulaient révéler. Mais ces images ne doivent pas rester telles qu’ils nous les ont données, il faut ensuite les expliquer et les développer. C’est pourquoi le disciple doit connaître la clé qui permet d’ouvrir le domaine des pensées et des sentiments, car chaque image a ses correspondances avec une manifestation de la vie intérieure.

… (Certaines personnes ont dit, pour plaisanter, que Galilée avait découvert que la terre tourne, un jour où il avait bu un peu trop de vin. …)

Ce soir, je veux vous parler des outres et du vin nouveau. A l’heure actuelle, on met le vin dans des cuves. Dans le passé, on utilisait des outres, mais on ne pouvait pas garder le vin nouveau dans de vieilles outres, car dans le vin nouveau se produisent des fermentations et de dégagements de gaz qui auraient détruit des outres usées, et le vin se serait répandu. On mettait donc le vin nouveau dans des outres neuves, solides, capables de résister à de très fortes pressions. C’est pourquoi Jésus a dit : « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres ». Cette question est très intéressante et extrêmement importante. Vous comprendrez dans un instant que nous oublions souvent de prendre cette loi en considération, ce qui entraîne pour nous de très graves conséquences. Même de grands occultistes la négligent et ils se demandent ensuite pourquoi il leur arrive des accidents.

Quand Jésus disait : « On met le vin nouveau des outres neuves », il voulait dire qu’il fallait verser son Enseignement dans des êtres solides, résistants, qui pourraient supporter tous les changements que cet Enseignement produirait obligatoirement en eux après un certain temps. Comme le vin, un Enseignement n’est pas une chose morte, au contraire, il vit, et sa vie entraîne toutes sortes de conséquences. Donc, vous voyez, Jésus ne parlait pas des outres ordinaires, il parlait symboliquement. L’outre, c’est l’être humain, et dans cette outre il y a encore des quantités d’autres outres et si l’on ne fait pas attention à ce que l’on y introduit, les résultats sont déplorables. Le cœur et l’âme sont également des outres… Quant au vin, c’est un symbole très profond dont on se servait beaucoup dans l’Antiquité. Il représente un enseignement, une philosophie, une tradition.

Quelquefois, certains se plaignent à moi en disant : « Avant, je me sentais beaucoup mieux. Je mangeais, je buvais, je faisais des bêtises, je maltraitais les autres, je les volais, et je me sentais bien. Mais depuis que je suis dans l’Enseignement, je me sens mal à l’aise comme si une fermentation commençait à se produire en moi. Vraiment, cet Enseignement ne me convient pas. » Ils ne comprennent pas ce qui se passe en eux et, au lieu d’évoluer normalement, ils se lamentent, se découragent et reculent. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’ils sont des vieilles outres et que le moment n’est pas encore venu de verser en eux le vin nouveau. Vous allez penser en m’écoutant qu’il est donc très dangereux d’accepter notre Enseignement. Non, notre Enseignement est réellement pur et divin et il n’y a aucun danger à l’accepter, mais il faut d’abord savoir une chose, c’est qu’on doit préparer en soi une forme solide capable de contenir et de supporter une philosophie, une idée, un enseignement nouveaux. On ne peut pas recevoir une philosophie nouvelle sans harmoniser préalablement tout son corps physique avec cette philosophie, sans fortifier et préparer son estomac, sa tête, ses poumons et tout son organisme afin de pouvoir résister à la tension que vont produire les nouveaux courants que l’on reçoit. Ne vous imaginez pas que les courants d’amour et de lumière soient faciles à supporter. Au contraire, je vous assure que nous sommes bien mieux préparés pour la souffrance, les peines et les déceptions que pour la joie, l’inspiration et les courants très élevés.

Les hommes peuvent souffrir des années sans en mourir ; souvent même, il leur plaît d’être plongés dans la souffrance et si, un jour, ils reçoivent une inspiration très lumineuse, on dirait qu’ils font tout pour s’en débarrasser. Ils vont dans un café, parmi la foule, ou dans un cinéma pour chasser cette inspiration. J’ai vu ainsi des quantités de personnes se débarrasser des courants divins que le monde invisible leur envoie chaque jour. Je leur ai demandé : « Pourquoi faites-vous cela ? Il est si rare et si précieux de recevoir ces courants ! Savez-vous quelles transformations physiques, chimiques, psychologiques se produisent sous leur influence ? Et c’est cela justement que vous chassez. Où trouverez-vous ensuite des occasions de vous transformer ? Un jour, vous regretterez d’avoir agi ainsi et vous direz : « C’est vrai, combien de fois j’ai chassé la lumière parce que j’avais peur de l’esprit en moi !

Souvent, je l’ai remarqué, on n’a pas peur de l’enfer, des diables, des souffrances, du désordre et de tout ce qui est inférieur, mais de l’Esprit et des états supérieurs de la conscience, on a la plus grande crainte. D’un côté, on a un peu raison, car on sent au fond de soi qu’on n’est pas une outre neuve ; on a encore besoin de vivre dans la vie inférieure et, instinctivement, on a peur de ne pas pouvoir supporter cette vie nouvelle, cet élargissement de la conscience. On sent qu’on n’est pas encore prêt pour vivre la vie nouvelle, et comme on ne veut pas abandonner ses vieilles habitudes, on se sent inquiet. Ceux qui craignent l’Esprit ne savent pas très bien pourquoi, mais ils sentent instinctivement qu’il y a quelque chose à craindre. En réalité, il n’y a rien de plus beau que de pouvoir saisir les courants spirituels, cette lumière, cette force et cette joie qui viennent à nous chaque jour, cet amour qui traverse les âmes à chaque instant. Si nous arrêtons ces courants par nos erreurs, par nos sentiments et nos pensées, c’est que nos outres ne sont pas encore prêtes à recevoir le vin nouveau. Ce sont de vieilles outres et nous devons les changer.

La science a observé que les cellules de notre corps physique se renouvellent. Vous direz : « Mais alors, tout notre être est déjà transformé ! » Pas du tout ! De nouvelles cellules remplacent les anciennes, mais il faut savoir que chacune d’elles possède une mémoire, des habitudes qui laissent des empreintes. Sur ces empreintes, les pensées, les sentiments, les actes passent comme sur des chemins bien tracés, et les nouvelles particules, qui prennent la place des anciennes, héritent de leur mémoire et se trouvent dans les mêmes états inférieurs. Cos cellules se sont renouvelées, mais comme ce n’est pas suffisant pour transformer votre être, vous restez fidèles aux mêmes habitudes, vous répétez les mêmes bêtises, vous avez les mêmes pensées. Votre corps est transformé, mais les habitudes restent les mêmes, car les nouvelles particules acceptent les anciennes empreintes ou, disons, l’ancienne mémoire. Alors, comment faire pour se transformer ? Il faut changer la mémoire des cellules. Au fur et à mesure que les nouvelles cellules remplacent les anciennes, il faut les imprégner de nouvelles pensées et de nouveaux sentiments.

Voilà comment on doit renouveler les outres au fur et à mesure que l’on y verse le vin nouveau, c’est-à-dire un nouvel enseignement spirituel. Si on ne le fait pas, si on continue à vivre dans les mêmes désordres et avec les mêmes habitudes dangereuses, il y aura des explosions, des maladies et des déséquilibres dans les outres. C’est pourquoi nous devons réaliser en même temps ces deux choses : recevoir l’Enseignement et transformer la mémoire des cellules en travaillant à introduire en nous de nouveaux éléments par l’intermédiaire de la nourriture physique, de l’air que nous respirons et de tout ce que nous absorbons de visible et d’invisible. C’est à ce moment-là seulement que nous pourrons recevoir sans crainte une nouvelle philosophie et de nouveaux courants spirituels.

Observez-vous vous-même, observez les autres et vous constaterez qu’en acceptant un enseignement, le plus divin soit-il, au bout d’un mois, six mois, un an (cela dépend des personnes), les êtres commencent à tomber dans les plus grandes contradictions ; ils sont irrités, ils se révoltent et même, au lieu d’intensifier le côté positif en eux, leur travail ne fait que développer le côté négatif parce que chaque nouvelle pensée, chaque nouveau sentiment produit des fermentations au-dedans. Du point de vue scientifique, la fermentation est une décomposition naturelle de la matière organique. Il existe différentes formes de fermentation et certaines ont été étudiées par les alchimistes qui puisaient en elles les éléments nécessaires à la fabrication de la pierre philosophale. Toutes sortes de fermentations peuvent ainsi se produire dans l’homme, non seulement dans ses organes physiques, mais encore dans son cœur et dans sa tête, c’est-à-dire dans ses sentiments et dans ses pensées.

Maintenant que nous avons parlé des outres, parlons un peu du vin. Vous buvez presque tous du vin et ce n’est pas mauvais. Certains disent même qu’il leur donne des inspirations ! Seulement vous savez aussi qu’il existe des vins falsifiés qui sont très dangereux et qu’il vaut mieux ne pas boire parce qu’on les prépare avec toutes sortes d’ingrédients très nocifs que je ne vous énumérerai pas. Ce que je voulais seulement vous dire, c’est qu’il se produit dans le domaine spirituel les mêmes phénomènes que dans le domaine physique. Vous trouverez des enseignements, des théories, des traditions qui ressemblent beaucoup aux vins falsifiés. Ils sont faits d’une quantité d’éléments hétéroclites qui ne contiennent au-dedans plus rien de vivant ni de nourrissant. Lorsqu’on a bu de ces vins, on se plaint, on est malheureux. Voilà ce que c’est que d’aller chercher du vin chez ceux que l’on ne connaît pas. Le secret, c’est de préparer soi-même le vin que l’on boira, c’est-à-dire de préparer ses propres pensées, ses propres sentiments et ses propres actes. Vous direz : « Alors, vous qui versez en ce moment du vin dans nos outres, peut-être ce vin est-il falsifié ? » Pensez ce que vous voulez. Je vous conseille seulement de planter une vigne dans votre âme, de la cultiver, de cueillir ses raisins, de les écraser et d’en boire le jus. Le vin que l’on prépare ainsi soi-même, on peut en boire beaucoup, on peut même s’enivrer avec si on veut.

Verser du vin nouveau dans des outres neuves, c’est réaliser l’union du corps et de l’esprit. On ne peut pas se contenter de verser un Enseignement dans sa tête en venant chaque jour apprendre et écouter de nouvelles choses, sans renouveler en même temps son corps physique par la vie la plus pure. Si vous vous bornez à apprendre, les outres gonflées éclateront bientôt, car il n’y aura plus aucune correspondance entre leurs formes et les forces nouvelles qui entrent en elles. Le corps physique doit se renouveler pour supporter de nouvelles tensions. Il faut que la transformation des pensées et celle du corps se fassent simultanément. Si vous ne faites aucun exercice de respiration et de gymnastique, si vous ne priez pas, si vous ne méditez pas, si vous n’acceptez pas de vous nourrir et de vivre d’après les règles du nouvel Enseignement, il se produira en vous toutes sortes d’anomalies. Lorsque la fermentation commence, on se sent tellement troublé et irrité qu’on se fâche contre tout le monde. J’ai vu des frères devenir exagérément nerveux avec leur femme et leurs enfants. En principe, un enseignement spirituel ne doit pas provoquer de pareilles réactions, mais les causes en sont les fermentations qui se produisent dans les outres faibles et vieilles. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas versé son enseignement dans de vieilles outres, c’est-à-dire dans la tête des pharisiens et des sadducéens ?

Pourquoi a-t-il choisi des intelligences et des esprits nouveaux, capables de supporter de grandes tensions et de grandes épreuves ? Car ne croyez pas que parce que vous deviendrez des spiritualistes, les autres vont vous soutenir et vous ouvrir leur porte, au contraire. Et pour qu’il ne se produise pas de fermentations en vous, vous devez vous préparer à recevoir la pluie, les tornades, les cyclones, le mépris, les moqueries, les accusations… Il ne faut jamais dire : « Depuis que j’ai accepté de suivre cet Enseignement magnifique, tous les malheurs me tombent dessus » car, en réalité, ce n’est pas vrai ; seulement, on avait oublié qu’un changement de point de vue produit obligatoirement des fermentations.

Je sens que certains d’entre vous sont en train de penser : « C’est fort bien, nous avons compris qu’il existe un Enseignement magnifique. Nous avons besoin d’évoluer, nous avons un travail à accomplir, c’est certain, mais nous ne savons pas comment le faire. Donnez-nous des méthodes, car ce sont les méthodes qui nous manquent. » Ce que vous dites est vrai et faux en même temps, car je vous ai déjà donné beaucoup de méthodes au cours des conférences précédentes, mais vous ne semblez pas tellement les apprécier parce qu’elles vous paraissent insignifiantes. Vous attendez toujours le moment où je vous révélerai des moyens tellement sensationnels que vous serez transformés instantanément. C’est dommage, mais de pareils moyens n’existent pas. Vous ne trouverez jamais un véritable Initié qui vous donnera des recettes pour vous assagir, vous fortifier et vous libérer d’un seul coup. La transformation des êtres n’est possible que par un travail quotidien. Si quelqu’un vous dit : « Prenez cette formule, ces pentacles, ces procédés magiques, ils vous sauveront immédiatement », ce sont des mensonges d’une créature qui a intérêt à vous tromper. Un Maître de la Fraternité Blanche Universelle vous dira : « Mes enfants, tout est possible, mais seulement si vous faites des efforts ; à ce moment-là, ce que vous aurez obtenu sera tellement stable que personne ne pourra vous l’enlever. » Car vous devez savoir aussi que tout ce que l’on obtient par des moyens immédiats, des procédés magiques, ne peut être stable. Peu de temps après, on perd tout ce qu’on croyait posséder, car ce n’est pas venu du dedans par des efforts personnels. Je connais des Maîtres qui, en un instant, pourraient développer en vous toutes sortes de qualités, mais ils ne le font pas car elles ne dureraient pas.

On attend toujours que l’amour, les connaissances, le pouvoir viennent du dehors, comme si c’était du vin que l’on peut verser dans une bouteille. Non, c’est nous qui devons travailler chaque jour à transformer nos outres. Malheureusement, dans toutes les écoles où l’on réclame des efforts, personne ne reste longtemps, tandis que là où l’on raconte qu’il est possible d’avoir toutes sortes de bénédictions sans rien faire, on a envie de rester. C’est pourquoi les véritables enseignements n’attirent pas beaucoup de disciples. Les hommes n’aiment pas qu’on leur parle d’efforts, ils préfèrent aller là où on leur vendra des talismans avec leur signe astrologique ou des figures kabbalistiques. « Vous êtes nés en janvier ? Voici le signe du Verseau. » Et ils l’épingleront sur eux. C’est de la superstition ! Et ils s’imaginent aussi qu’ils pourront posséder l’élixir de la vie immortelle en bouteille !

Il n’existe qu’une seule philosophie véridique : celle du travail personnel et collectif conscient. Mais je sais que si je vous parle de cette manière, vous ne reviendrez plus. Vous êtes venus écouter des révélations stupéfiantes et sensationnelles, et moi, j’insiste toujours sur les efforts à faire. J’y suis obligé, je ne puis vous dire que la vérité. …

Omraam Mikhaël Aïvanhov, œuvres complètes, tome IX

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