La méditation

Publié le par Ursule Mayor

La méditation

Certains diront qu’ils savent ce qu’est la méditation (depuis le temps qu’ils méditent !) et qu’ils ont lu des livres sur la méditation – il y en a tellement, surtout des livres hindous… Et même, je suis sûr que tout le monde médite. Ca alors, des méditations formidables ! Quand on est fatigué et somnolent, oui… On fait des mouvements de tête, on « approuve » comme si on entendait quelque chose. Quelle méditation profonde ! Vous direz que ce sont des roupillons. Baptisez cela comme vous voulez. Disons qu’on commence par méditer et qu’on finit par roupiller !... Mais soyons sérieux et jetons un regard philosophique sur le problème de la méditation.

On emploie souvent le mot « méditer », mais sans avoir compris ce qu’est la vraie méditation et quel instrument extraordinaire elle représente pour l’homme, ce qu’elle peut lui apporter pour son bien, son épanouissement et combien de transformations et de changements elle peut produire dans sa vie personnelle, dans celle de sa famille, de la société et du monde entier. Et puis, surtout, on ne sait pas préparer les conditions préalables pour que la pensée puisse se manifester librement. En général, la méditation est chez l’homme une habitude plutôt faible. De temps en temps, quand il se sent écrasé, brimé, coincé, comme i a besoin de trouver une solution à ses ennuis, il devient pensif et réfléchi. Mais ce n’est pas encore la méditation ; c’est une réaction instinctive que l’on a devant de grands dangers, de grandes pertes, de grands malheurs. Oui, à ce moment-là, instinctivement, l’homme se réfugie, se recueille en lui-même et commence même à prier, à se tourner vers un Etre qu’il avait négligé, parce que jusque-là tout marchait bien pour lui. Et maintenant, il revient vers cet Etre, il Le cherche, car il se souvient que lorsqu’il était petit, ses parents lui avaient dit qu’il était tout-puissant, omniscient et tout amour, et alors, instinctivement, il revient vers Lui pour Lui demander aide et se ours, avec la plus grande humilité, avec un sentiment d’une puissance extraordinaire. Oui, mais il faut pour cela des cas exceptionnels : un danger, une guerre, une maladie, la mort. A ce moment-là, on revient vers Dieu et on prie avec une intensité ! Mais dans la vie courante,, quand on est tranquille et heureux, on n’a aucune envie de prier ou de méditer, on ne considère pas du tout cet exercice comme nécessaire et indispensable, on n’en voit même pas l’utilité. Quand tout va bien, on pense qu’on ne doit pas se perdre dans les régions vagues et nébuleuses de la méditation et de la prière, et on se jette sur les choses concrètes, sur les choses réelles, soi-disant. C’est seulement dans les malheurs, dans les grandes difficultés, quand il s’aperçoit que rien de ce qui est concret et matériel ne peut l’aider, que l’homme recherche un soutien, un secours, un abri dans les régions subtiles et invisibles de l’esprit. Pourquoi ?

Depuis toujours, les Initiés nous ont révélé que Dieu a donné à l’homme un moyen très puissant, la pensée, et que s’il sait travailler avec elle, il peut obtenir de grands résultats. S’il n’y a pas de résultat, si on ne se sent ni plus éclairé, ni plus libre, ni plus apaisé, évidemment on se demande à quoi sert de se recueillir. Beaucoup essaient de méditer une fois, deux fois, trois fois, dix fois… et comme ils n’y arrivent pas, ils décident d’abandonner cette pratique inutile.

Mes chers frères et soeurs, si l’on n’obtient pas de résultat, c’est qu’on ne sait pas encore très bien ce qu’est la vraie méditation. La méditation est d’0abord une activité de la pensée qui permet de se concentrer sur une idée ou sur une image pour l’étudier, pour comparer, découvrir des analogies et des filiations afin de pouvoir exactement les situer dans l’ensemble des choses. N’importe quelle question : la beauté, la force, la volonté, l’espace, l’immortalité, la divinité… peut être le sujet d’une méditation. Seulement, la condition essentielle d’une méditation, c’est qu’aucun souci, aucune préoccupation extérieure ne vienne entraver le travail de la pensée.

Ce que l’on doit d’abord savoir, c’est que lorsqu’un être commence à méditer, il se trouve à la frontière de deux mondes : un monde qui est au-dessus de lui et un monde qui est au-dessous ; il se trouve donc dans une région intermédiaire d’où il est en train de remuer des couches, des forces, des énergies, des entités, des éléments. L’homme qui médite est un être qui a le pouvoir de remuer les ondes du monde de la pensée, et par cette pensée il est capable de construire ou de détruire, d’organiser les choses ou de les déranger, et s’il n’est pas éclairé, s’il n’est pas intelligent, évidemment, il les dérange plus qu’il ne les arrange. Qu’il le sache ou qu’il ne le sache pas, physiquement, mécaniquement, chimiquement, il commence à déplacer des forces et des éléments pour le bien ou pour le mal, pour la construction ou pour la destruction. La pensée est un instrument formidable que la nature nous a donné ; il faut en être conscient et savoir que par cet instrument, on est en train de toucher des régions, de déclencher des forces, ce qui est d’une importance capitale pour le bien ou pour le mal, pour la santé ou pour la maladie. Il faut donc s’imprégner de l’importance de ce processus puissant, magique qu’est la pensée. La plupart des gens sont inconscients, ils ne savent pas tout ce qu’ils sont en train de remuer, et ensuite, bien sûr, ils sont étonnés quand il leur tombe des tuiles sur la tête ! Il faut donc bien savoir que la méditation est un déclenchement de forces formidables qui travaillent dans le subconscient, dans la superconscience, dans tout l’être, dans toute la nature.

Beaucoup s’imaginent qu’ils méditent parce qu’ils ferment les yeux, mais la pensée… où est leur pensée ? Nulle part. Elle se promène, par-ci par-là, errante, vagabonde, alors, bien sûr, ce genre de « méditation » ne sert à rien. Mais pour les Initiés, les Sages, les Maîtres, la méditation a toujours été le moyen le plus puissant, et sans ce moyen, personne n’est jamais arrivé à quoi que ce soit. Sans la méditation, il n’est pas possible de devenir maître de soi-même, ni de se connaître, ni de développer des qualités et des vertus. Et c’est justement parce qu’ils n’ont pas donné une place prépondérante à la méditation que les humains restent très faibles, dans leur vie intérieure, dans leurs sentiments et leurs désirs.

Certains m’ont déjà dit : « Depuis des années, j’essaie de méditer, mais mon cerveau se bloque et je m’endors, je n’arrive à rien. » Au Bonfin, j’ai déjà fait plusieurs conférences en expli8quant que, pour pouvoir vraiment méditer, il faut se préparer à l’avance, sinon la méditation est entravée par toutes sortes d’obstacles qu’on n’a pas su écarter préalablement. Supposez que vous veniez le matin sur le rocher, au lever du soleil… Vous vous installez et vous pensez : « Ah, maintenant, je vais méditer, je vais contempler le soleil, je vais me lier aux forces du soleil parce que le Maître nous a expliqué que le soleil est un centre, une source inépuisable de forces et d’énergies déposées par Dieu, etc. »… et voilà que malgré ces bonnes dispositions, vous vous endormez. Le lendemain, ça recommence et bien sûr, après quelque temps, vous renoncez.

Pourquoi avez-vous échoué ? Parce que vous ne pensez pas que chaque moment de votre existence n’est pas isolé, mais qu’il est lié à tous les moments qui le précèdent et que l’on appelle le passé. On ne sait pas cela, mais comme on veut tout de même méditer, on force le cerveau et il se bloque. Rien à faire… Tout simplement parce qu’on n’a jamais eu l’idée de se dire la veille : « J’irai demain au lever du soleil, je dois donc préparer mon cerveau et mon organisme, je dois tout nettoyer, tout mettre au point pour avoir la possibilité de faire un travail. Supposez que la veille, vous vous soyez disputé avec quelqu’un. Le lendemain, quand vous arrivez pour méditer, le vieux passé arrive aussi et vous n’arrêtez pas de penser : « Ah, il m’a dit ceci… il m’a fait cela… Si je le trouve, celui-là, il va passer un mauvais quart d’heure ! » Voilà le sujet autour duquel va tourner la méditation… C’est un remue-ménage, une pagaille ! Au lieu de s’élever jusqu’aux régions divines, on remue tout ce que l’on a vécu dans le passé et ça défile, ça défile… Tout un cortège de visages et d’événements viennent se présenter et on n’en sort plus. La même histoire se répète pendant des années et, évidemment, on n’a pas de résultat.

L’homme peut devenir tout-puissant, mais à condition de savoir un certain nombre de choses et en particulier que chaque moment est lié à ceux qui le précèdent. Celui qui est raisonnable pense : « d’abord je ne mangerai pas beaucoup pour ne pas me surcharger l’estomac… Je n’irai pas embrasser telle ou telle femme parce que je ne sais pas jusqu’où cela pourrait m’amener… ni discuter sur telle ou telle somme d’argent… » sinon le lendemain, impossible de méditer !

Le disciple se prépare à l’avance, il se purifie, il ne se surcharge pas, il dort suffisamment et il tâche d’avoir le plus grand désir de se perfectionner pour pouvoir aider les autres, être un modèle, un exemple, un fils de Dieu ; il est animé du désir sublime d’accomplir la volonté de Dieu comme Jésus nous le demande dans les Evangiles. Mais pour réaliser les prescriptions de Jésus, il faut connaître beaucoup de choses, il ne suffit pas seulement de souhaiter, de désirer. Il y en a beaucoup qui désirent, mais ils n’arrivent à rien parce qu’ils ne savent pas comment s’y prendre et arranger leurs affaires. Quelqu’un a laissé le robinet d’eau ou de gaz ouvert, ou bien il a oublié l’enfant dans la baignoire et voilà qu’au moment de méditer il s’en souvient ! … Comment voulez-vous qu’il médite ? Donc, vous devez vous préparer, et quand vous êtes libre dans votre corps, vos pensées et vos sentiments, quand vous vous êtes enfin échappé de cette prison qu’est la vie quotidienne, à ce moment-là vous sentez la fraîcheur, la pureté, la limpidité, le calme, le soleil… Et vous remerciez le Ciel, vous vous élevez intérieurement, vous commencez à comprendre qu’il existe une nouvelle vie, vaste, large, profonde, et vous êtes tellement dilaté, tellement ravi que vous vous élancez, vous volez dans une autre région… Une région qui, en réalité, est en vous-même, cette vie divine qui coule au-dedans de vous et que vous êtes enfin arrivé à vivre pour un moment : la vraie vie. Alors vous êtes ébloui et vous dites : « Pour la première fois, je commence à comprendre qu’il existe un monde d’une beauté extraordinaire… Mon Dieu, pourquoi je me suis fourré toute ma vie dans les impuretés et le désordre ? » C’est ainsi que le monde divin commence à s’éveiller en vous et vous ne pourrez plus l’oublier. A ce moment-là, vous saurez que Dieu existe, que le monde divin existe et qu’il est peuplé de milliers de créatures. C’est que vous aurez réussi à déclencher des forces encore inconnues, des forces beaucoup plus puissantes et bénéfiques alors qu’avant vous étiez pris dans un engrenage de forces hostiles qui vous grignotaient jusqu’à vous anéantir.

Voilà, mes chers frères et soeurs, ce que depuis toujours, les Initiés savent et nous enseignent. La méditation est un problème psychologique, philosophique, un problème cosmique de la plus haute importance, et une fois que le disciple a goûté la saveur de ce monde supérieur, tout se renforce en lui et il sent que tout commence à lui obéir : quand il veut mettre sa pensée en marche, elle se déclenche, quand il veut l’arrêter, elle s’arrête, comme si les cellules de l’organisme tout entier avaient décidé de lui obéir. Tant qu’il n’est pas arrivé à cette maîtrise, il lui faut des heures et des jours pour s’apaiser car ses cellules continuent à s’agiter, elles ne l’écoutent pas. Pourquoi ? Parce que c’est un berlot, et ses cellules lui disent : « Si tu crois que tu me fais peur ! Je me moque de toi… Je ne tremble pas, je n’ai aucun respect pour toi, parce que tu es trop bête, trop ignorant. » et elles n’en font qu’à leur tête. Vous en connaissez tous quelque chose, n’est-ce pas ? Mais il y a des jours où elles vous obéissent parce que, par hasard ou consciemment, vous êtes allé plus haut, vous avez déclenché des forces supérieures, vous avez pris de l’autorité ; et comme les cellules reconnaissent la hiérarchie, elles obéissent à leur patron, à leur maître. C’est d’ailleurs ainsi que tout se passe dans la vie. Dans les administrations, dans les bureaux, chacun a tendance à vouloir monter à l’échelon supérieur pour devenir directeur, président, chef de cabinet, parce qu’à ce moment-là, et surtout quand il a ses petites épaulettes et ses petites décorations, les autres lui obéissent, ils s’inclinent. Même si c’est un imbécile, ou un bourreau, cela ne fait rien, on lui obéit. D’où vient ce sens de la hiérarchie ? Ce ne sont pas les humains qui l’ont inventé car ils sont incapables d’inventer quoi que ce soit. Par intuition, par tâtonnement ou par instinct, ils ne peuvent que découvrir ce qui existe déjà dans la nature. Dans la nature existe une hiérarchie ; toutes les créatures, les plantes, les insectes, les étoiles, les constellations, tout est hiérarchisé. Oui, même une rivière, une montagne, un arbre (avec les racines, le tronc, les branches, les fruits) et l’homme depuis les pieds jusqu’au cerveau, tout est hiérarchisé…

Et maintenant, puisqu’on sait très bien qu’il faut toujours monter quelques échelons de plus pur devenir le chef et s’imposer aux autres, pourquoi ne pas comprendre que, dans le domaine spirituel aussi, il faut monter un degré de plus pour que les habitants qui sont au-dedans obéissent aussi ? C’est le même principe, la même règle. Et ce que cherchent les Initiés, justement, c’est que tout, au-dedans, leur obéisse. Ils ne demandent pas de dominer les montagnes, les étoiles, les animaux ou les hommes, mais de se dominer eux-mêmes, d’être maîtres de leur corps, de leurs pensées, de leurs sentiments, et ils travaillent pour y arriver. Tous ces exercices que sont la méditation, la concentration, la contemplation, la prière, permettent d’échapper de plus en plus à ces entraves, à cette prison, à ces chaînes qui nous ont complètement assujettis au monde souterrain, infernal. Combien d’êtres ont été pris et bien pris ! Ils n’étaient pas éclairés, ils ne savaient pas, et ils se sont laissé dégringoler jusque dans ce monde terrible et ensuite ils souffrent sans pouvoir en sortir. On a appelé cela l’enfer, le diable, les cauchemars… Appelez-le comme vous voulez, mais c’est un monde réel dans lequel beaucoup sont en train de se perdre parce qu’ils n’ont pas voulu se servir des moyens que les Initiés nous ont donnée pour nous sauver. Ils se croyaient très intelligents, très au point, ils se moquaient de toutes ces pratiques, et voilà où ils sont descendus ! A qui la faute ? Ils doivent maintenant aller s’instruire auprès d’un être qui vit déjà dans les régions supérieures, ils doivent s’humilier, accepter et commencer à s’exercer sinon il ne restera pas d’eux un seul atome. Par leur orgueil, par leur obstination, par leur ignorance, ils se détruiront. Voilà, mes frères et soeurs, le seul moyen de sortir des tourments, des angoisses, c’est la méditation. Mais comme je vous l’ai déjà dit, pour pouvoir méditer il faut d’abord régler un certain nombre de choses. Quand une mère veut faire un gâteau, par exemple, tous ses enfants sont là qui l’appellent, qui s’accrochent à elle et elle ne peut rien faire. Pour être tranquille, elle doit les mettre au lit et les endormir. C’est la même chose pour nous. Au-dedans, nous avons des enfants, mais alors, une marmaille, c’est formidable ! Il faut donc se débarrasser de ces enfants exubérants pour pouvoir faire le travail, et ensuite, quand le travail est fait, revenir auprès d’eux.

Si vous pouvez comprendre que dans la méditation se trouve votre salut, que c’est le moyen le plus efficace pour faire un travail intérieur, alors, vous obtiendrez des résultats. Mais ne le faites pas sans prendre en considération tout le reste autour, sinon il y aura toujours quelque chose 1qui cloche, qui n’est pas réglé et qui viendra le lendemain se présenter et vous embêter pendant la méditation. C’est ce que voulait dire Jésus quand il conseillait de ne pas se préoccuper du lendemain. Oui, parce que si vous arrangez tout aujourd’hui, le lendemain vous trouvera libre et vous pourrez disposer de tout comme vous le voulez, concentrer vo9tre pensée sur le sujet que vous désirez parce que vous aurez touot réglé la veille. Tandis que si vous n’avez rien arrangé, le lendemain vus êtes entravé, vous devez galoper à droite et à gauche pour remédier à toutes les bêtises du passé et vous n’êtes pas libre pour travailler dans le présent ni pour créer l’avenir.

Certains diront : « Mais moi, je ne sais pas ce qu’est la méditation, et je ne veux pas le savoir… Je ferai des sacrifices, je serai charitable, je ferai du bien aux autres, et ça suffit… » Non, cela ne suffit pas, car même là, on peut transgresser des lois, on peut tout embrouiller et tout détruire si l’on ne commence pas par méditer. Pourquoi ? Parce que seule la méditation vous permet de voir clairement les choses.

On peut méditer sur toutes sortes de sujets : sur la santé, la beauté, la richesse, l’intelligence, la puissance, la gloire… sur les anges, les archanges et toutes les hiérarchies. Tous les sujets de méditation sont bons, mais le meilleur, c’est de méditer sur Dieu Lui-même, pour s’imprégner de Son amour, de Sa lumière, de Sa force, pour vivre un moment dans Son éternité… et de méditer dans le but de Le servir, de se so9umettre à Lui, de s’unir à Lui. Il n’existe pas de méditation plus puissante ni plus bénéfique. Toutes les autres ont pour mobile, l’intérêt, le profit, la volonté d’utiliser les forces occultes afin de s’enrichir ou d’asservir les autres. Les Initiés ont compris que le plus avantageux, c’est justement de ne pas chercher ce qui est avantageux pour eux, mais de chercher seulement à devenir des serviteurs de Dieu. Tout le reste est plus ou moins de la magie noire et de la sorcellerie. Voilà pourquoi, sans s’en rendre compte, la majorité des occultistes barbotent dans la sorcellerie. Parce qu’ils se servent de ces forces invisibles pour avoir davantage, pour dominer, pour subjuguer les femmes, et non pour servir Dieu. Vous voyez, dans la méditation, il y a des degrés et des degrés…

Evidemment, il faut quand même commencer par méditer sur des sujets accessibles. L’être humain est créé de telle sorte qu’il ne peut pas vivre naturellement dans un monde abstrait. Il doit donc s’accrocher tout d’abord à ce qui est visible, tangible, proche de lui, à ce qu’il aime. C’est très facile, vous savez, de se concentrer sur un bifteck quand on n’a pas mangé depuis longtemps. Sans le vouloir, on est déjà comme le chat qui se concentre sur la souris. Ce n’est pas la peine de faire des efforts, ça marche tout seul. Et regardez aussi comment le garçon se concentre sur la jeune fille qu’il aime ! Oui, des heures entières, des jours entiers. Parce qu’il l’aime ; et là non plus, il n’a pas besoin de faire des efforts. Quelle méditation ! Il ne peut pas s’en arracher. Donc, commencez par méditer sur ce que vous aimez. Ensuite, vous le laisserez de côté ; jais commencez d’abord par ce qui vous plaît, ce qui vous tente, parce qu’en commençant par-là, en vous exerçant, vous développez déjà en vous-même un moyen, une méthode de travail qui vous donnera ensuite la possibilité d’abandonner ces sujets pour vous projeter vers des régions plus éloignées, plus abstraites. Evidemment, si vous commencez par vous concentrer sur l’espace, le temps, l’éternité… vous n’arriverez pas à grand-chose. On peut se concentrer sur le vide, sur l’abîme, sur le néant, mais en commençant par des sujets plus accessibles et en allant progressivement vers ces sujets abstraits. Mais, je le répète, la méditation la plus sublime, c’est d’entrer en communion avec Dieu, de se soumettre à Lui, de vouloir Le servir pour ne devenir qu’un instrument dans Ses mains. Dans cette fusion, toutes les qualités du Seigneur, Sa puissance, Son amour, Sa sagesse, Son immensité s’engouffrent en vous et vous devenez une divinité. Certains religieux diront : « Quel orgueil de vouloir devenir une divinité ! » Mais qu’ils lisent les Evangiles ! Jésus a dit : « Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait. » Il n’existe pas de plus haut idéal ; c’est Jésus qui nous l’a donné mais les chrétiens l’ont oublié. Leur idéal est d’avoir un petit poulailler, d’aller de temps en temps allumer un cierge à l’église et ça y est, ils se croient bon chrétiens. Quel idéal formidable ! Grâce à lui, le Royaume de Dieu viendra bientôt, c’est sûr. Ah, pauvre chrétienté ! On y observe assidûment la règle raisonnable de ne pas trop exiger de l’être humain, sinon, c’est de l’orgueil, vous comprenez ? Eh bien moi, je dis le contraire : qu’il faut mettre le plus haut idéal dans son cœur, dans son âme, dans son esprit et laisser les ignorants dire ce qu’ils veulent. Il faut instruire les hommes, il faut les éclairer, il faut leur donner les vraies méthodes, et une de ces méthodes, c’est la méditation.

Et que peut-on faire avec la méditation ? Tout. Une fois libre, vous po0uvez explorer toutes les régions, rencontrer toutes les créatures. Vous pensez à la lumière, par exemple, et pendant des heures entières, vous vous plongez, vous nagez, vous vous noyez dans les couleurs… Vous voulez vous lier aux parfums ou à la musique et immédiatement, vous respirez des parfums et vous entendez des symphonies… Vous voulez savoir quelle est la vie là-haut, dans le Ciel ? … Vous vous concentrez, vous demandez, vous vous liez aux créatures du Ciel, et elles vous le révèlent. La méditation est donc un moyen universel. Par la méditation, on entre dans un autre monde ; mais quand on est trop plongé dans ses soucis et ses affaires, on n’a pas beaucoup de temps pour explorer ce monde. C’est pourquoi les Occidentaux laissent la méditation de côté. Ils disent : « On perd son temps. » Evidemment, on ne respecte pas les conditions préalables, on n’a rien arrangé d’avance pour que la méditation donne des résultats et à ce moment-là, c’est vrai, la méditation n’apporte rien du tout. Il n’y a pas de doute, mais parce qu’elle n’a jamais été exécutée dans des conditions convenables. Voilà comment on tire des conclusions erronées. Mais tous les Initiés, tous les mystiques qui avaient vraiment rempli les conditions nécessaires, ont eu de telles révélations et ont vécu des états tellement sublimes qu’ils trouvent que toute la richesse et la gloire de la terre pâlissent devant ces extases, cette sensation de plénitude et d’immensité, et ils ne demandent que cette lumière. Oui, mes chers frères et sœurs, c’est tellement beau, tellement merveilleux que, lorsqu’on connaît ces états de conscience, on commence à laisser de plus en plus de côté les choses de la terre. Evidemment, là aussi, il faut une mesure. Je ne dis pas qu’il faut tout abandonner pour méditer. Ce serait exagéré et je ne suis pas pour l’exagération. Je dis seulement qu’il faut donner la prépondérance, mettre davantage l’accent sur la vie spirituelle. Est-ce clair ?

Maintenant, je vous dirai quels sont les deux meilleurs sujets de méditation. Le premier, je vous en ai déjà un peu parlé, c’est de devenir un instrument absolu dans les mains de Dieu, afin que Dieu pense à travers nous, qu’Il sente à travers nous, qu’Il agisse à travers nous. Vous vous abandonnez à la volonté de la sagesse, de la lumière, vous êtes au service de la lumière, et la lumière qui sait tout, vous guidera. Mais l’homme est aussi sur la terre. L’homme a un corps physique, il a été envoyé sur la terre et que doit-il faire sur cette terre ? Jésus a dit… Vous voyez, je me réfère toujours à ce qu’a dit Jésus. Il a tout dit, alors pourquoi inventer quelque chose après lui ? Il a dit : « Qu’il en soit sur la terre comme au Ciel. » Sur la terre comme au Ciel, cela veut dire que le Ciel doit descendre sur la terre. Mais quelle terre ? Notre terre, notre corps physique. Donc, après avoir fait un travail pour atteindre le sommet, il faut descendre pour tout organiser dans le corps physique. L’immortalité est en haut, la lumière est en haut, l’harmonie est en haut, la paix, la beauté et tout ce qui est subtil est en haut. Mais pourquoi tout ce qui est en haut ne devrait-il pas s’incarner en bas, dans le monde physique ? Demandez de devenir le serviteur de Dieu, et en même temps, travaillez pour former en vous cet autre corps que l’on appelle le corps de lumière, le corps de gloire, le corps d’immortalité, le corps du Christ. Ce corps est aussi mentionné dans les Evangiles ; seulement les chrétiens ne s’y sont pas arrêtés parce qu’ils n’approfondissent pas les Evangiles, cela ne les intéresse pas, et ils sont tout, sauf chrétiens. Vous direz que s’occuper de la terre n’est pas un idéal tellement extraordinaire, tandis que les Hindous… Oui, les Hindous, les bouddhistes, ne demandent qu’à quitter cette terre, cette terre de souffrances, de guerres, de misères… Je sais, c’est leur philosophie, mais ce n’est pas la philosophie du Christ. La philosophie du Christ, c’est de faire descendre le Ciel sur la terre, c’est-à-dire de réaliser le Royaume de Dieu et sa justice. Jésus travaillait pour ce Royaume et il a demandé à ses disciples de travailler aussi pour ce Royaume. C’est donc ici que nous devons travailler en commençant par notre corps. Voilà la véritable philosophie. Comment les autres ont compris cela, cela ne m’intéresse pas. J’ai consacré des années pour connaître la pensée du Christ, et maintenant, je la connais.

« Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel »… Mais où sont les ouvriers ? Les hommes ont une autre philosophie dans leur tête, c’est pourquoi ils reviendront sur cette terre jusqu’à ce qu’ils arrivent à faire d’elle un jardin de Paradis. A ce moment-là, ils la quitteront pour aller sur d’autres planètes et ils laisseront la terre aux animaux qui, eux aussi, évolueront. Vous êtes étonnés, n’est-ce pas ? Ce n’est pas ce que les curés vous ont prêché. Les hommes ont été envoyés sur la terre comme des ouvriers sur un chantier et ils veulent toujours déserter. Oui, des déserteurs ! Bien sûr, le Ciel, le Paradis, c’êst plus agréable, mais pourquoi l’ont-ils quitté ? … Et ils ne savent pas, maintenant, pourquoi ils sont ici, sur la terre… Eh bien, pour se mettre au boulot, tout simplement. Mais au lieu de travailler, ils tâchent de s’en aller, oui, ils ont oublié leur devoir. Mes chers frères et sœurs, il faut transformer la terre afin qu’elle devienne un Paradis et ensuite, le Seigneur se prononcera. Il dire : « Vous avez été de bons ouvriers dans mon champ… Alors entrez, mes ouvriers, dans le royaume de ma joie et de ma gloire. » Dans les Evangiles, Jésus parle aussi d’ouvriers qu’on avait envoyé travailler dans un champ. Nous sommes ces ouvriers, justement. Et qu’avons-nous planté ? Où avons-nous travaillé ?... Vous connaissez également la parabole des serviteurs et des talents. Eh bien, c’est la même idée. Le serviteur a été puni parce qu’il avait enterré ses talents. Ce mauvais serviteur représente ceux qui n’ont jamais fait aucun travail, qui s’amusent, qui ne pensent qu’à s’enrichir et à vivre mieux sur la terre. Cela n’a aucun rapport avec la philosophie du Christ. On nous a envoyés sur la terre pour faire un travail, et ensuite, le Seigneur nous donnera tout, l’univers tout entier nous appartiendra. C’est pourquoi, quand je vois comment beaucoup de gens qui se disent spiritualistes, occultistes, mystiques, envisagent leur existence sur la terre, j’ai presque envie de pleurer. Ils se marient, ont des enfants, donnent des réceptions, mangent et boivent exactement comme les hommes les plus ordinaires. Et que font-ils du travail pour lequel ils étaient justement envoyés sur la terre ? Rien. Et vous aussi, entrez en vous-mêmes et vous verrez que ce que vous faites n’a aucun rapport avec la philosophie du Christ.

Voilà, je vous ai donné, aujourd’hui, les deux meilleurs sujets de méditation : comment se consacrer entièrement au service de la divinité, et comment réaliser, concrétiser, matérialiser sur la terre tout le Ciel qui est en haut. Le sens de la vie est contenu dans ces deux activités, et ce qui est en dehors de ces deux activités a une signification, bien sûr, mais pas une signification divine. Dieu a créé l’homme à Son image, Il a créé l’homme pour qu’il devienne comme Lui. Si vous ne me croyez pas, allez le Lui demander ! Toute ma vie, j’ai cherché ce qui existait de meilleur et je l’ai trouvé, on doit le réaliser ici aussi, sur la terre, comme c’est déjà réalisé en haut. Que beaucoup de choses soient déjà réalisées dans ma pensée, ce n’est pas suffisant. Il faut les réaliser aussi dans le plan physique, et c’est cela qui est long et difficile.

Evidemment, il y aurait encore beaucoup de choses à ajouter, mais cela suffit pour aujourd’hui. Il faut comprendre l’importance de la méditation et surtout que, pour obtenir des résultats, nous devons veiller sur nos pensées, nos sentiments, nos actions, c’est-à-dire sur toute notre façon de vivre. Commencez par méditer sur des sujets simples, accessibles, pour arriver peu à peu jusqu’aux sujets les plus sublimes, et un jour, vous ne travaillerez plus que pour devenir un instrument dans les mains de Dieu et pour réaliser le Ciel sur la terre. Il n’existe rien de plus grandiose, de plus divin. C’est l’accomplissement de toutes lois, de toute la sagesse.

Que la lumière et la paix soient avec vous !

Lausanne, le 23 mai 1963

Omraam Mikhaël Aïvanhov, Œuvres complètes, tome VI

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